Docteur Jean Philippe LABREZE Alleins, le 25/09/2005
Collectif des médecins et des citoyens contre
Les traitements dégradants de la psychiatrie
122 avenue du 14 Juillet 1789
13980 ALLEINS
Tel : 07 87 66 41 15 Monsieur
Jacques CHIRAC
Président de la République Française.
Palais de L’Elysée.
55 Rue du Faubourg Saint Honoré.
75008 PARIS
Monsieur le Président,
Au nom du Collectif des médecins
et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie, j’ai
l’honneur de vous adresser aujourd’hui la pétition par laquelle nous souhaitons
attirer votre attention sur un problème menaçant la santé de milliers de nos concitoyens et la vie même
d’un grand nombre d’entre eux .
Les 1309 signataires de cette
pétition - parmi lesquels plusieurs professeurs de médecine, de nombreux
médecins généralistes ou hospitaliers, ingénieurs ou directeurs de recherches
-, représentatifs du corps médical, du milieu scientifique et de la société
française dans son ensemble, témoignent ainsi de leur profonde indignation face
au sort réservé aux milliers de patients qui aujourd’hui encore, dans notre pays,
se voient administrer des électrochocs, alors qu’il est établi que ce
« pseudo-traitement » lèse le cerveau des personnes auxquelles il est
administré, compromettant ainsi toute chance de réelle guérison.
Nous protestons également
vigoureusement contre l’administration de Ritaline à des milliers d’écoliers
français (médicament apparenté aux amphétamines et possédant des effets
délétères majeurs indiscutablement établis), pour traiter un soi-disant trouble
psychiatrique dont la réalité même est contestée par de nombreux médecins (cf
témoignage du docteur BAUGHMAN, neuropédiatre, membre de l’Académie Américaine
de Neurologie, devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe et celui du Professeur BREGGIN devant le
congrès des Etats-Unis).
Tout récemment, la FDA (Food and Drug Administration) attirait
l’attention des médecins américains sur les risques sanitaires graves liés à la
Ritaline: hallucinations visuelles, idées suicidaires, comportement psychotique,
ainsi que des agressions ou des comportements violents ! Les effets
néfastes de cette drogue sont indiscutablement établis et ne peuvent être niés
par toute personne de bonne foi (cf témoignage du Professeur BREGGIN).
Plus de 7 millions d’enfants américains
prennent aujourd’hui le chemin de l’école après avoir avalé leurs pilules de
Ritaline ! Entre 1990 et 2000, 186 décès liés à la Ritaline ont été
officiellement rapportés à la FDA ! Selon le docteur BAUGHMAN, ce nombre
ne représenterait que 10 à 20% des décès réellement imputables à cette drogue.
Dans les hôpitaux américains, les
admissions dans les services d'urgence pour abus de Ritaline sont aujourd'hui,
chez les préadolescents, plus nombreuses que celles dues à la cocaïne!
La Ritaline se deale dans les cours d'école et de nombreux enfants la sniffent
ou se l'injectent en intra-veineux. Il est intéressant de rappeler que la
Ritaline est une drogue du tableau II (convention des Nations Unies sur les
substances psychotropes. 1971) au même titre que la cocaïne, la
methamphétamine, les opiacés ou les barbituriques les plus puissants. Peut on
réellement être surpris de sa toxicité et de son pouvoir addictogène? De nombreux cas de
suicide, lors du sevrage du produit, ont également été
rapportés.
Où est la logique lorsque, d’une part, le gouvernement français essaie de se
donner les moyens d’endiguer le fléau de la toxicomanie et que, d’autre part,
la psychiatrie drogue sans
raisons des milliers d’écoliers français ?
Dans notre pays, aujourd’hui,
près de 8 000 enfants se voient administrer cette drogue. Cette situation
en soi est déjà inacceptable. Par ailleurs, les discours faussement rassurants
des uns ou des autres sur « l’exception française » et le fait que le
modèle psychiatrique français, plutôt axé sur la psychopathologie, nous
mettrait à l’abri de telles dérives, n’ont jamais dupé les membres du
collectif. Les faits parlent d’eux-mêmes. Faut il rappeler ici le triste record
détenu par notre pays en ce qui concerne la consommation de psychotropes ?
Seule une décision politique
forte peut nous éviter d’être confrontés à une tragédie similaire à celle que
connaissent les Etats-Unis, plusieurs de nos partenaires européens ou bien
encore la Confédération Helvétique.
Monsieur le Président, il nous
appartient de tirer toutes les conséquences des erreurs du passé. Qui nierait
que les lobotomies dont ont été victimes des milliers de patients représentent
une inadmissible tragédie. Pouvons nous tolérer que la logique qui a sous-tendu
le développement de ces traitements indignes de notre médecine prévale encore
aujourd’hui et conduise des patients venus demander de l’aide à se voir
administrer de tels « traitements » sans que, dans la grande majorité
des cas, ces mêmes patients ou leurs familles n’aient été avertis de leurs
conséquences et des risques fréquents
ou graves normalement prévisibles, ainsi que le stipule l’article L 1111.2 du
code de la santé publique ?
Nous sommes convaincus que les
acteurs de cette tragédie auront, tôt
ou tard, à rendre des comptes.
Le temps presse Monsieur le
Président. Le tout récent rapport de
l’INSERM, préconisant le dépistage et la prise en charge précoce du
« trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent », recommandant
même un dépistage systématique dès 36 mois, la mise en œuvre de thérapies
individuelles pour les enfants, voire, « en seconde intention »,
l’usage de médicaments ayant une action « anti-agressive », souligne
avec une acuité toute particulière l’extrême urgence de la situation.
Nous ne sommes plus ici dans le
cadre du sain et nécessaire débat d’idées au sein d’une communauté
scientifique. Ce sont des vies qui sont en jeu et ces vies risquent d’être
sacrifiées parce qu’une discipline, la psychiatrie biologique, incapable de
réaliser ses errements et leurs dramatiques conséquences pour un si grand
nombre d’individus, continue de fonder sa pratique quotidienne sur une vision
matérialiste de l’homme, une conception erronée de la nature et de l’origine
des « troubles mentaux » et s’évertue à promouvoir ses
pseudo-traitements (psychotropes, électrochocs).
Ce constat, indéniable selon
nous, nous conduit à réaffirmer aujourd’hui un certain nombre de valeurs, notre
attachement à une médecine humaniste, profondément respectueuse des individus
et notre refus de traitements dont la dimension délétère a été
indiscutablement démontrée. Il est urgent que ceux qui ont le pouvoir d’agir se
saisissent de ce dossier et prennent dans les meilleurs délais les mesures qui
s’imposent. Ne pas le faire aujourd’hui,
avec une détermination sans faille nous conduirait, sans aucun doute, à
partager avec la psychiatrie biologique et l’industrie pharmaceutique la
responsabilité d’une nouvelle tragédie sanitaire.
Le problème soulevé par le
collectif est un problème complexe, nous en convenons. Les mensonges ou les
omissions de certains entretiennent par ailleurs la confusion et le doute.
C’est la raison pour laquelle nous suggérons la constitution d’une commission
pluridisciplinaire, composée de membres compétents, objectifs et indépendants,
chargée de faire le point sur ce dossier.
Monsieur Jean Pierre RAFFARIN,
alors Premier Ministre, avait pris la mesure réelle de ce problème ainsi qu’en
atteste la réponse qu’il avait apportée au Collectif (copie ci-jointe). Cette
mise en garde n’a malheureusement pas trouvé auprès de Monsieur DOUSTE BLAZY,
ministre de la Santé, l’écho attendu.
Le Collectif relève d’ailleurs
qu’en 1995, le rapport que lui avait remis le Professeur ZARIFIAN, démontrant
comment le tandem psychiatrie biologique – industrie pharmaceutique pouvait
créer de « nouveaux marchés », les développer à outrance et
promouvoir les pseudo solutions médicamenteuses, n’avait motivé de la part de
Monsieur DOUSTE BLAZY aucune mesure concrète visant à réformer le système.
Force est de constater que nous sommes toujours les leaders mondiaux de la
consommation de psychotropes et que ce pôle pèse de plus en plus lourd dans les
dépenses de la sécurité sociale.
Monsieur le Président, vous avez
le pouvoir de mettre en place les conditions d’une nécessaire prise de
conscience collective et d’initier ainsi un réel changement. Persuadés que la
réalité de ce problème ainsi que l’extrême urgence des solutions à mettre en
œuvre ne sauraient vous échapper, nous nous tournons vers vous avec une totale
confiance.
Restant à votre entière
disposition pour tout complément d’information, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président,
l’expression de mes très respectueuses salutations.
Docteur
Jean Philippe LABREZE
PJ : Texte de la pétition et
signatures des membres du Collectif.
Courrier de Monsieur Jean Pierre RAFFARIN.
Témoignage du Professeur BREGGIN.
Témoignage du Docteur BAUGHMAN.
Courriers adressés à Monsieur DOUSTE BLAZY, Ministre de la Santé.