PETITION

Depuis des décennies, un courant de pensée majoritaire au sein de la psychiatrie professe une conception matérialiste de l'homme et son corollaire immédiat, le recours aux "traitements" physiques, tels que les électrochocs, la psychochirurgie (que certains préconisent à nouveau après une période d'abandon presque complet) ou bien encore la chimiothérapie massive ( anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques, mise sous amphétamines de nos enfants), pour traiter les troubles mentaux (réels ou supposés) de nos concitoyens et, plus largement encore, leurs problèmes existentiels.

Au nom de cette vision dogmatique, des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, se voient administrer des "traitements" dont les effets hautement délétères ont été amplement et définitivement démontrés par la communauté scientifique, alors que certains membres de cette même communauté scientifique ont su parallèlement développer des approches thérapeutiques plus respectueuses des individus, plus efficaces et en mesure de conduire à un réel rétablissement.

"Primum non nocere". C'est par ce précepte qu'Hippocrate rappelait à chaque médecin le premier de ses devoirs: -d'abord ne pas nuire- ! Et pourtant aujourd'hui, quotidiennement, des milliers de patients, insuffisamment avertis des effets néfastes des traitements qui leur sont administrés (alors que la loi prévoit un consentement éclairé de la part du patient,ce qui, bien entendu, suppose de la part du corps médical la délivrance d'une information fiable et conforme aux données actuelles de la science), voient leur intégrité physique et mentale gravement, souvent même définitivement, altérée.

Les responsables de cette tragédie devront peut-être, un jour ou l'autre, rendre des comptes aux victimes et à leurs familles.

Conscients de l'extrême gravité de la situation et de son caractère inacceptable, refusant que la vie de trop de ces patients ne devienne une véritable tragédie, nous, médecins et non médecins, signataires de la présente pétition, demandons au chef de l'état, garant ultime de l'intégrité physique et mentale de chaque citoyen, de prendre dès à présent les mesures urgentes qui s'imposent, en décrétant un moratoire sur les traitements psychiatriques les plus manifestement attentatoires à la santé: électrochocs, psychochirurgie et prescription d'amphétamines aux enfants.

Nous demandons également que soit décidée la constitution d'une commission nationale pluridisciplinaire, au sein de laquelle seront appelés à siéger des responsables politiques et des acteurs éclairés de la société civile: philosophes, sociologues, historiens, psychothérapeutes et médecins représentatifs de l'ensemble du corps médical, en mesure de promouvoir une vision de l'homme et de la santé différente de celle trop souvent prônée par l'institution psychiatrique.

Cette commission aurait, sous l'autorité du chef du gouvernement français, la responsabilité et le devoir d'examiner les méthodes mises en cause, leurs résultats réels et de déterminer si ceux-ci peuvent être considérés comme vraiment conformes aux attentes des patients, de leurs familles et de la société française dans son ensemble.

Docteur LABREZE